Alpha Toshineza


Winnipeg, Man.

Maintenant, je sais qui je suis. Je suis un homme fier d’être noir, fier d’être Africain à 100 % et puis fier d’être un citoyen du monde à 100 %. Je suis Luxembourgeois parce que je parle le luxembourgeois, je suis Congolais parce que ma couleur de peau, ma culture et tout ce qu’il y a dedans crient Congo, je suis Manitobain et Canadien parce que c’est le pays qui m’a accueilli et dans lequel je me sens bien.

En 2016, Alpha Toshineza lance le fruit de ses deux premières années de travail avec de nombreux acteurs de la scène musicale manitobaine avec un premier album de 10 pièces aussi intitulé Jazz Inuit, qu’il présente comme étant un résumé de son histoire et de son identité. Depuis, il mijote d’autres projets, comme celui de mettre cet album en images sous forme d’un court métrage, de présenter des concerts en Europe et de préparer le terrain pour un prochain album.

Winnipeg Toronto 2,225 km km 1,535 Moncton 450 km 2,262 km St-Claude km 2,079 Winnipeg 1,614 km Meteghan 3,476 km Edmonton

Photoreportage

Là où tout est possible


Alpha Toshineza nous accueille à bras ouverts dans la ville qui l’a elle-même accueilli ainsi il y a quelques années. On passe chez le premier disquaire où il a mis les pieds à son arrivée à Winnipeg avant de l’accompagner chez le coiffeur où il rafraîchit son style et en profite pour renouer avec ses racines, et on termine notre visite dans l’espace de vie et de création de l’artiste.

Le coureur du monde

Jean-Étienne Sheehy

Au Canada, nombreux sont ceux qui cumulent diverses identités culturelles et musicales, tout en utilisant le hip-hop comme langue afin de s’en affranchir. Chez Alpha Toshineza, cette pratique permet de mélanger le Luxembourg à la Belgique et au Congo, à partir de Winnipeg, son domicile depuis 2014. 

La découverte d’Alpha Toshineza est étonnante, grâce à son métissage musical entre le hip-hop et le jazz, rarissime dans l’univers hip-hop francophone canadien. Cela ressort sur Jazz Inuit, le disque le plus intéressant offert par le MC, tant dans les musiques que dans la livraison. L’accessibilité des mélodies et de l’approche poétique des paroles fait du MC une présence fédératrice bien au-delà des régions et des genres musicaux. Plus particulièrement, Toshineza débarque avec une approche rafraîchissante parmi les codes du rap francophone canadien en région. Ce désir d’opérer à l’extérieur des plates-bandes se fait également entendre lors des beaux jours de Gospel Emcee, un nom d’artiste qu’il utilisait anciennement. Sur Bonne Cause, paru en 2005, il affirme vouloir ramener une raison d’être dans le mouvement hip-hop. 

Musicalement, la rythmique de « Yakuza » donne l’impression d’être sur le bord de s’effondrer à chaque fin de mesure pour se solidifier l’instant suivant. Cela donne au titre un caractère hypnotique intéressant. D’ailleurs, le travail poursuivit avec la basse lourde et le riff de guitare de « Sans regret – sans remords » se fait aussi efficace, comme le clin d’œil chanté où il se compare à un coureur des bois au Manitoba. 

Cela n’a rien d’étonnant de la part d’un MC qui se définit tel un citoyen du monde à 100 % tout en réussissant à mettre tout cela en musique. Le titre « Visionnaire » évoque autant la relation entre les Premières Nations et les premiers colons que sa propre arrivée dans l’Ouest canadien.

Dans l’appel à l’universalité de la pièce-titre de Jazz Inuit, Toshineza se fait fédérateur au-delà des origines culturelles et des styles musicaux. Le plus grand coup de ce titre est d’être arrivé à se définir avec une griffe et avec facilité. Même « Le monde est une prison » bénéficie à fond de la vision mélodique d’Alpha Toshineza, en sortant de la rythmique traditionnelle du hip-hop. 

Toshineza s’affiche pleinement à titre d’intellectuel du rap francophone hors Québec, avec éloquence. Il est donc dommage qu’il fasse appel à certains clichés inutiles, comme sa relation avec ses détracteurs sur « Sayonara ». D’ailleurs, cette thématique fut déjà abordée sur la pièce « Émules », tirée de son disque Operation Sonlight, il y a une dizaine d’années. Dans un univers créatif si ouvert, un tel sujet enlève à la portée de l’œuvre.

Notons aussi que Toshineza jongle aisément avec les codes culturels du hip-hop, comme le remix, la collaboration et l’audace. Les versions retravaillées de « Boom Bap Musique » se font ainsi complémentaires en permettant de donner une deuxième et une troisième vie à ce titre, au-delà des influences jazz du titre paru initialement il y a 4 ans. L’artiste se permet même d’ambitieux projets, comme un épique morceau de neuf minutes, divisé en trois parties. 

Le champ est libre pour une telle offre. Il ne reste plus qu’à souhaiter que Toshineza pousse la finesse de son regard au-delà de certaines réflexions plus spirituelles qui finissent par engourdir le produit final, tout en enlevant à la portée des musiques et de la livraison.

Le projet le plus intense qui attend maintenant Toshineza sera de parler de lui-même, en relation avec le monde extérieur, d’un point de vue introspectif. Le défi est intéressant et pourra ouvrir des portes, tout en assurant une nouvelle universalité intimiste à son propos.

Jean-Étienne Sheehy jesheehy.com

Gars de journalisme, radio, télévision, internet et, avant tout, musique!

Entrevue

Découverte identitaire


Alpha Toshineza nous parle de sa première grande crise d’identité et de la découverte de sa culture et de ses racines congolaises.

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