Blue Hibou


Whitehorse, Yn

Il y a beaucoup plus d’entraide que de concurrence ici. Le public local soutient les artistes, surtout au sein de la communauté francophone. – Hélène Beaulieu et Kim Barlow Kim et Hélène ont collaboré sur la création et les arrangements musicaux, et elles se sont partagé le travail d’écriture en fonction de leur langue maternelle. La formation a lancé un album de six chansons, Blue Hibou, au printemps 2014. Cet album, qui aura été leur seul et unique opus, a été réalisé avec le soutien financier de la Yukon Film and Sound Commission et du Conseil des arts du Canada. Après 20 ans en sol yukonnais, Kim a quitté le territoire après la naissance de ses jumeaux pour déménager près de ses parents en Nouvelle-Écosse, où elle a passé une grande partie de son enfance. Riches d’une belle collaboration en territoire nordique, les deux artistes ont emprunté des chemins différents, littéralement, et poursuivent maintenant leur carrière musicale chacune de leur côté.

Whitehorse Toronto 5,380 km km 1,535 Moncton 450 km 2,262 km St-Claude km 2,079 Winnipeg 1,614 km Meteghan 3,476 km Edmonton

Photoreportage

Balade nordique


L’équipe de Balade à Toronto renoue avec Hélène Beaulieu, de Blue Hibou, à Whitehorse. Hélène replonge dans ses souvenirs en nous montrant son ancienne résidence et on s’arrête au parc Lepage, où elle se produit lors de notre passage. On bouquine dans un petit magasin de livres usagés avant de clore notre balade en admirant le panorama de la ville depuis le Centre des Arts du Yukon.

Poésie hivernale

Jean-Étienne Sheehy

Dans les vastes étendues de la toundra du nord du continent, la musique du groupe Blue Hibou canalise l’immensité et la solitude des environs de Whitehorse. Le minimalisme d’une des chansons, « Haïkus d’hiver », en témoigne, sous la direction du réalisateur émérite Sandro Perri. Ce texte de Stéphan Ruest assume pleinement la nordicité de la formation : l’« hypnose boréale » évoquée transcende son caractère poétique en s’insérant dans la démarche musicale du groupe. On se laisse ainsi porter par ce dernier. Ça frappe à l’écoute; il est impossible de se retrouver ailleurs que dans la nuit polaire, enveloppé par un parka, sous la loupe de Blue Hibou. Même les aurores boréales deviennent plutôt un rideau vert qui danse pendant la nuit qui s’étire. Ces longues périodes dans le noir servent toutefois de prétexte pour saisir le romantisme, en se cachant dans la poudreuse et en laissant les sourires percer la neige. La suite de l’album homonyme évite toutefois de tomber dans les clichés de cette thématique. Le groupe prend une position affirmée quant au bilinguisme sur « Lazy Anglais ». Ici, l’apprentissage d’une langue seconde n’est pas un effort inutile, en vain, mais plutôt une manière d’apprivoiser le monde sous un différent regard. En alternant entre le français et l’anglais, le groupe rappelle la réalité multilingue en Europe, tout en évoquant une réalité finale; parler français, c’est également pouvoir comprendre pleinement la formation. Une douce naïveté habite Blue Hibou. Le « Citron vert » permet de troquer la bière, et « chasse même la grippe aviaire ». Le « Ciré jaune » n’est pas qu’un simple imperméable, mais plutôt un prétexte afin de tomber amoureux sous la pluie battante en sautant dans les flaques d’eau. Le groupe assume même la nostalgie qui habite le texte : « Toute la nuit nous avons chanté de vieux airs démodés. » Parmi les treize chansons, Blue Hibou insère plusieurs titres instrumentaux où mettre en vedette la musicalité de sa démarche. En s’inspirant de leur parcours universitaire en musique classique, les membres de Blue Hibou métissent le folk des années 1970 à des arrangements orchestraux sans pour autant enlever au minimalisme de leur offre. Le duo de guitares classiques de « Moderato – Les cinq doigts », les grands espaces de « Sod Farmer » ou l’approche plus rock de « Drop D #2 » ne dérogent pas à l’offre de cette formation, mais servent plutôt de complément au disque. Si ceux-ci tendent à avoir un brin de difficulté à se démarquer les uns des autres, la présence de multi-instrumentistes aide à soulever l’offre instrumentale de Blue Hibou. Même « Citron vert » possède sa reprise sans paroles, un tantinet plus efficace que l’originale, car elle met de l’avant la musicalité de la formation, entre son choix d’accords et son inspiration hawaïenne grâce à la présence d’un pedal steel, sans pour autant perdre en substance. Parmi l’offre de Blue Hibou, le mélomane aguerri y trouvera son compte; la formation offre une réinterprétation de « Gnossienne #3 » d’Erik Satie. Le pari de combiner la chanson francophone et anglophone à des titres instrumentaux est audacieux, mais il saisit l’essence des racines de Blue Hibou. Le groupe existe plutôt à l’extérieur des langues. Blue Hibou ne réinvente rien, même si les deux musiciennes ne prétendent pas avoir à le faire. Le plus bel exploit du groupe est plutôt d’arriver à mélanger chacune de ses influences, qu’elles soient musicales, géographiques ou linguistiques, sans déroger à sa candeur. Surtout, cela témoigne de la belle amitié que partagent Hélène Beaulieu et Kim Barlow. C’est particulièrement vrai lorsque l’on considère que le duo n’habite plus la même ville et se retrouve éparpillé au Canada. Avec cet unique album en poche, la relation entre les deux musiciennes s’en retrouve immortalisée pour notre plus grand plaisir.

Jean-Étienne Sheehy jesheehy.com/

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Entrevue


Hélène Beaulieu nous parle de sa rencontre avec Kim Barlow jusqu’à la naissance éventuelle de Blue Hibou et les deux auteures-compositrices-interprètes abordent l’éloignement et le côté cosmopolite du Yukon.

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