Georgian Bay


Penetanguishene, Ont.

Il y a trois raisons pour lesquelles je pense que le projet est bilingue. Un, c’est l’expression. On a deux fois plus de choix de mots, on a deux fois plus d’univers. Deux, c’est qu’écrire et faire de la musique en français, ça ouvre d’autres portes […] Et trois, je pense que c’est important d’avoir plus de dialogue entre l’anglais et le français. – Kelly Lefaive

En 2016, Kelly et Joëlle enregistrent leur album Patience, qui se veut une véritable ode à la baie Georgienne et à la nature en général, un des fils conducteurs de leur œuvre et là où leur imagination est la plus fertile.

Fortes de deux subventions en poche, les membres du duo ontarien travaillent maintenant sur leurs deux prochains albums qu’elles envisagent de lancer sous la forme d’un album double. Un album en français, un en anglais. À l’image de leur parcours, qu’elles poursuivent cette fois-ci ensemble.

Penetanguishene Toronto 164 km km 1,535 Moncton 450 km 2,262 km St-Claude km 2,079 Winnipeg 1,614 km Meteghan 3,476 km Edmonton

Photoreportage

Source identitaire


À Penetanguishene, on s’arrête à la maison familiale de Kelly Lefaive, où le duo a commencé à créer sa musique, et on s’aventure dans les bois, replongeant ainsi Kelly dans ses souvenirs de jeunesse. Après une visite à la station de radio locale, Joëlle et Kelly nous emmènent à la plage bordant la baie Georgienne, là où s’est forgée l’identité du duo.

Les matins mystiques de Georgian Bay

Pascal Raiche-Nogue

Folk matinal. Ou même musique (de robe) de chambre. Ce sont ces mots qui me viennent en tête lorsque j’écoute le dernier album de Georgian Bay, intitulé Patience et lancé en 2016. 

 

En plongeant dans ce disque, j’ai envie de m’emmitoufler dans une grosse couverture, de me verser un gros café et d’aller m’évacher dehors pour regarder le soleil se lever. 

 

Cet éloge de la lenteur, qualifié de folk mystique par le tandem, est d’une grande douceur. C’est le cas en grande partie grâce aux voix des deux artistes. Des voix paisibles, justes et si discrètes qu’elles sont parfois presque chuchotées. C’est à vous donner des frissons dans le dos. 

 

Kelly Lefaive et Joëlle Westman, deux artistes formées en jazz, contrôlent parfaitement leurs cordes vocales. Les fluctuations et les légers écarts ne sont pas laissés au hasard. Les harmonies sont parfaites. Peu d’artistes maîtrisent si bien leur voix. 

 

Les notes de la guitare acoustique s’éternisent et flottent. Le violon et la guitare électrique sont discrets. Les paroles sont langoureuses. Leur son est fluide et feutré comme une rivière qui coule en prenant son temps. Il meuble l’espace sans bousculer quoi que ce soit.

 

Ces artistes se disent fortement inspirées par la nature et on les croit sur parole. La première pièce de leur album, intitulée elle aussi « Patience », le confirme. On y entend des grillons, des branches qui craquent et le souffle des deux chanteuses. 

 

En écoutant le reste du disque, il suffit de fermer les yeux pendant quelques secondes pour se transporter dans cette nature qui nourrit leur créativité et pour faire le vide. On peut imaginer les oiseaux qui chantent doucement dans les arbres et le vent qui effleure les fougères. 

 

La comparaison est un peu étirée (et ferait sûrement grincer des dents ces deux créatrices), mais certaines chansons de cet album ressemblent à ce à quoi l’on pourrait s’attendre d’Enya si on suppliait la célèbre chanteuse irlandaise d’écrire des chansons transcendantes, mais aussi peu quétaines que possible. 

 

Mais attention, Patience n’est pas un album de salle d’attente ou de magasin d’huiles essentielles pour autant. La ligne qui sépare la délicatesse et le kitsch est mince, mais Georgian Bay se garde bien de la franchir. Le duo s’inspire de la nature, mais le fait sans tout ruiner en saupoudrant allègrement des bruits de rivières et de chutes ça et là. 

 

Quant aux arrangements, ils sont si subtils qu’on les remarque à peine. C’est de toute beauté. Et entre vous et moi, c’est rafraîchissant de tomber sur des artistes qui ne se donnent pas comme objectif de jouer plus fort que les autres ou de composer des vers d’oreille qui auront (peut-être) la chance d’échouer dans un palmarès quelconque. 

 

Une chanson détonne et a l’air un peu orpheline dans cet album, soit « The Rambler », qui est pas mal plus country que les autres. Cela peut sembler étrange, mais il s’agit en fait d’un héritage du premier album de Georgian Bay paru en 2014 et qui est beaucoup moins aérien. 

 

Ces deux opus sont tellement différents qu’on pourrait croire qu’ils n’ont pas été créés par les mêmes artistes. Le fossé qui les sépare est frappant. 

 

On ne peut qu’être intrigué par Georgian Bay et se demander ce que ce duo ontarien nous réserve. Étant donné l’évolution marquée ces dernières années, bien malin qui pourra le prédire!

 

Peu importe. Kelly Lefaive et Joëlle Westman sont bourrées de talent et n’hésitent pas à changer de direction. Elles se donnent la permission de ne pas tourner en rond. On veut donc bien les suivre sans trop poser de questions, qu’elles nous entraînent dans la forêt ou ailleurs.

 

Pascal Raiche-Nogue www.acadienouvelle.com/

Chef de bureau aux affaires publiques de l’Acadie Nouvelle.

Entrevue

Rassembler


Les membres du duo nous parlent de leur séance d’écriture lors d’une retraite hivernale au bord de la baie Georgienne et de l’effet rassembleur de leur musique bilingue.

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