Shawn Jobin


Régina, Sask.

Je me suis toujours considéré comme un guerrier moderne. Surtout dans le rap et le hip-hop, on a un statut un peu guerrier et revendicateur, mais au lieu d’être physique, c’est avec les mots. Dans ma tête, j’ai l’image d’un samouraï, mais au lieu d’un katana, ce sont des mots. — Shawn Jobin

C’est son fidèle collaborateur, le multi-instrumentiste Mario Lepage, qui transforme ces paroles en musique et l’accompagne en tournée.

Pendant que Shawn Jobin fait son nom sur la scène canadienne francophone, son alter ego The beat Addict se taille aussi une place sur la scène underground, un équilibre musical qui lui est essentiel.

Qu’il joue avec les mots ou avec les rythmes, Shawn Jobin estime avoir trouvé sa voie. Son prochain album sera enregistré à Montréal et réalisé par Sonny Black, qui a notamment collaboré avec Corneille et K-Maro.

Régina Toronto 2,618 km km 1,535 Moncton 450 km 2,262 km St-Claude km 2,079 Winnipeg 1,614 km Meteghan 3,476 km Edmonton

Shawn Jobin en Saskatchewan

Terre de possibilités


Shawn nous ouvre les portes de son univers en Saskatchewan, un vaste espace où grandit la fierté d’une petite communauté francophone. On en apprend davantage sur son implication au sein de l’Association jeunesse fransaskoise, et il nous accueille dans son nouveau chez-soi, où la musique occupe une place prépondérante, comme en témoigne son imposante collection de disques vinyles.

L'éloquence du franc-parler

Jean-Étienne Sheehy

Dans la francophonie canadienne, le hip-hop est une des dernières frontières musicales intactes. Certes, il y a Radio Radio à l’est, mais le groupe acadien opère à l’extérieur des plates-bandes traditionnelles du genre, en se rapprochant plutôt de l’électro. Pour un hip-hop inspiré par l’école américaine, avec un propos écrit à la première personne, il faut se tourner vers les Prairies. Shawn Jobin fait partie des rares artisans à réconcilier ce genre en français à l’ouest d’Ottawa. Toutefois, la pertinence du MC de la Saskatchewan dépasse la curiosité; il a des choses à raconter et des idées à défendre. 

« J’veux pas qu’on se sépare, j’veux juste parler français dans tout le Canada, bref dans mon pays, » avance Jobin sur « Tu m’auras pas », sorte de suite logique au « Notre Place » de Paul Demers. Le Fransaskois évite les détours et emploie le mot « assimilation » dans ses refrains. Cette décision étonne et détonne, tant le sujet n’est plus à l’ordre du jour de la chanson francophone hors Québec. Pourtant, « Tu m’auras pas » offre une des plus belles affirmations de la présence française au Canada, car « la fleur de lys peut aussi pousser sur les plaines, pas les plaines d’Abraham, les plaines remplies d’avoine ». Selon Jobin, une chanson du genre était nécessaire pour se convaincre d’avoir pris la bonne décision en choisissant le français comme langue d’expression artistique. La portée d’un tel morceau va bien au-delà d’un choix personnel, tant le propos vise juste. À preuve, le message s’est rendu en Europe, dans le cadre des Francofolies de Spa et du festival Pause Guitare d’Albi.

Jobin a des choses à dire, mais il sait exprimer ses prises de position avec éloquence. Au-delà de l’influence de la filière québécoise du hip-hop, le Fransaskois parle de santé mentale, avec tout son vécu à l’avant-plan. La réalité qu’il raconte, c’est celle d’un gars du Québec qui porte la Saskatchewan et la francophonie canadienne tatouées sur le cœur. Les textes sont livrés avec franchise et honnêteté, sans tomber dans les excès. La démarche de Jobin bénéficie plutôt de sa bonhomie. Dans le milieu hip-hop, la ligne est mince entre l’arrogance et la confiance, mais Jobin évite les pièges. Le MC est vrai et approchable. Les grands compromis linguistiques et artistiques peuvent attendre.

Cela s’explique entre autres par la nature de la collaboration avec un comparse de longue date, Mario Lepage. Ce dernier crée de la pop planante à partir de boucles. Pourtant, le travail des deux Fransaskois se retrouve enrichi par la nature complémentaire de leur travail. Lepage est un fin bidouilleur qui travaille à gauche, en superposant ses délires mélodiques à la technique rythmique de la poésie de Jobin. Pourtant, l’univers du MC demeure sérieux, encadré par la tradition du rap francophone. Ça s’entend dans le choix des réalisateurs venus peaufiner ses chansons, comme Claude Bégin (Karim Ouellet, Alaclair Ensemble) et Sonny Black (Corneille, K-Maro).

Le chemin parcouru par Shawn Jobin impressionne depuis sa participation au concours régional Chant’Ouest en 2011. Sa musique voyage au-delà des plaines de l’Ouest canadien, comme en témoigne son concert aux FrancoFolies de Montréal cet été. Au-delà du pedigree, Jobin incarne la réussite après avoir misé sur un pari audacieux, celui de chanter en français en milieu minoritaire, dans un style où les codes se définissent souvent en anglais. Au final, la plus grande victoire de Shawn Jobin est d’être arrivé à se renouveler et à transporter ses chansons à l’âge adulte, au-delà des frontières géographiques. Le MC a le potentiel de devenir la réponse franco-canadienne au hip-hop personnel de Koriass. En prenant des risques calculés, Jobin s’impose autant en tant que mentor en Saskatchewan, qu’en tant qu’artisan à surveiller dans la francophonie. À défaut de chercher sa place, il se la crée.

Jean-Étienne Sheehy www.cinqkhz.com

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Suivez Shawn, alors que la lentille de notre caméra dissimulée sur lui capte toutes les 30 secondes les moments forts de son passage à Toronto.

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