Le Néo-Brunswickois Joey Robin Haché a plus d’une corde à son arc. Peintre, dessinateur, directeur de plateau, caricaturiste, poète, animateur radio, coordinateur administratif, directeur artistique, régisseur; la liste n’en finit plus de finir. Mais la corde qu’il affectionne et qui le fait vibrer plus que tout, c’est celle de l’auteur-compositeur-interprète.
Originaire de Nigadoo, au nord du Nouveau-Brunswick, l’Acadien peaufine sa plume francophone et lance son premier mini-album solo, Loin Noranda, en 2012. S’ensuit une courte aventure au sein du groupe Les Tavernaks, qui se dissout l’année suivante. Joey poursuit sa carrière solo et lance en 2013 un mini-album, suivi en 2014 de son premier album complet, Repaver l’âme, dont deux des pièces obtiennent une Réaction forte au palmarès de l’ADISQ.
Dans la foulée de tous les artistes acadiens ayant émergé ces dernières années, il présente une centaine de spectacles au Québec, en Acadie, dans l’Ouest canadien et même en Europe.
J’ai l’impression qu’au niveau musical en Acadie, on prend vraiment beaucoup plus de place qu’on en prenait auparavant, puis j’pense qu’il y a une certaine importance aussi dans le paysage musical canadien. On a une très grande importance au niveau géographique […] asteure, je suis vraiment fier de me dire artiste acadien. Parce que là, je suis en train de m’identifier à la scène musicale de par chez nous avec tout ce qui s’est passé dernièrement.
En 2015, Joey est finaliste au Festival international de la chanson de Granby où il remporte plusieurs prix. Il lance en 2016 son deuxième album, Stigmates, et se produit sur quelques scènes européennes. L’Acadien participe l’année suivante aux Francouvertes, et une tournée en Europe avec son compatriote Simon Daniel est dans les cartes pour la fin de 2017.
Photoreportage
Retour au bercail
L’équipe prend la route de Nigadoo, au Nouveau-Brunswick. On visite la maison familiale de Joey, où il a joué ses tout premiers accords, et on s’arrête au bistro où il a donné l’un de ses premiers spectacles en tant qu’auteur-compositeur-interprète. L’Acadien nous parle des difficultés économiques qui ont secoué le village et de l’esprit communautaire très présent dans la région Chaleur.
Des tavernes aux palmarès
Pascal Raiche-Nogue
Joey Robin Haché a bûché pour se rendre là où il est. Il ne l’a pas eu tout cuit dans le bec et s’est démené pour réussir.
Comme d’autres artistes acadiens de sa génération, tels que Lisa LeBlanc et Les Hôtesses d’Hilaire, il déplace de l’air. Son énergie est brute et sincère.
Il y a près de dix ans, alors qu’il était étudiant, il a commencé sa carrière comme jammer au bar étudiant de l’Université de Moncton. Ses premiers pas étaient modestes, mais on voyait déjà qu’il avait le don de divertir ses pairs et qu’il avait du chien.
Son premier album complet, enregistré lors d’un concert en 2012, est dans cette veine. Il s’agit d’un ramassis de compositions de son cru et de reprises des Colocs, de Fred Fortin et de Bernard Adamus.
À l’époque, son groupe folk trash s’appelait Les Tavernaks (une fusion des mots « taverne » et « tabarnak »). Il était irrévérencieux et gueulait n’importe quoi entre ses pièces. Le son de cette formation était aussi subtil que son nom.
Joey Robin Haché a cependant fait un virage à 180 degrés au cours des années suivantes. Comme s’il avait fini sa crise d’adolescence, il a laissé le folk trash et les reprises de rock québécois derrière lui. Il s’est calmé le pompon et il a ajusté le tir.
Son premier album complet enregistré en studio, intitulé Repaver l’âme et lancé en 2014, a marqué un tournant dans sa carrière. Le titre du disque est évocateur. On retrouve un Joey Robin Haché beaucoup plus posé, nettement moins brouillon qu’à ses débuts.
Même s’il s’est éloigné de ses racines de jammer et de troubadour trash dans cet opus, il a gardé une fibre rebelle. Les paroles de cet album ont toujours de la gueule, mais sont plus mélancoliques et introspectives. La hargne et la vulgarité sont restées en arrière.
L’énergie brute qui faisait de lui un animateur de foule si efficace à ses débuts est demeurée intacte, quoiqu’un peu plus loin de la surface. Ses mélodies restent accrocheuses, ses paroles incisives. Il y a du ver d’oreille dans cette œuvre.
N’ayant pas peur de se produire devant une poignée de spectateurs et de prendre la route pour faire la promotion de son album, il s’est mis à la tâche dans la foulée de la sortie de Repaver l’âme. Il a foncé et a réussi, à force de travail, à se tailler une place parmi l’élite musicale acadienne.
En 2016, Joey Robin Haché a récidivé avec l’album Stigmates, avec lequel il s’est encore éloigné davantage de son folk trash d’antan.
Avec l’aide du réalisateur Sébastien Michaud (trompettiste du groupe de jazz rock instrumental Les Païens et figure importante de la scène musicale acadienne), il a rendu un produit très lisse et radiophonique.
Les chansons de cet album sont accessibles, polies et orchestrées. On y retrouve plusieurs pièces qui semblent avoir été enregistrées pour tourner dans les radios commerciales. Si c’était son objectif, c’est très réussi.
L’une des chansons phares de cet opus, « Semper fi », est difficile à oublier, avec ses « ouh ouh » répétitifs qui restent dans la tête pendant des jours. Plusieurs autres moments sont grandioses et sont amplifiés par d’ambitieux arrangements.
Si on lui avait dit il y a quelques années qu’il lancerait un jour un album avec des cordes et de la trompette, qui plairait autant aux jeunes qu’aux vieux, qui pourrait être écouté par des ados et par des matantes, Joey Robin Haché aurait sûrement pouffé de rire.
Le chanteur, jammer et artiste visuel un peu punk sur les bords qu’il était aurait fait une remarque fendante et se serait payé notre tête.
C’est tout de même la voie qu’il a fini par choisir. Il semble se plaire dans cet environnement en perpétuel changement. Voilà un artiste éclectique qui ne cesse de se réinventer et d’évoluer.
Photos en Coulisses
Entrevue
Quand le plan B prend la porte
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