Les Jeunes d’Asteure


Moncton, N.-B.

Notre projet collectif se transforme toujours. Les Jeunes d’Asteure est rendu comme un collectif d’artistes, cinq individus avec une volonté de créer ensemble. […] On veut essayer de proposer quelque chose de différent. […] Aujourd’hui, l’interdisciplinaire est rendu la nouvelle discipline. Y’a plus personne qui fait juste une chose et nous, on veut vraiment être un exemple de ça. On explore toujours d’autres façons de créer ensemble. – Rémi Belliveau

 

Après deux ans de travail, les Néo-Brunswickois lancent en 2016 leur premier album, Paradis, possiblement. Contrairement à leur premier mini-album qui était plutôt en chiac, leur premier opus complet bilingue laisse davantage de place au français standard.

 

Les membres des Jeunes d’Asteure voient leur prochaine initiative, un film expérimental, comme une continuité de leur dernier album. Ce projet, qui devrait prendre encore au moins un an et demi à terminer, documentera l’histoire du groupe depuis ses débuts par une panoplie d’archives visuelles et musicales. Toujours dans l’optique de briser les conventions, le quintette explore aussi d’autres formats, comme une publication indépendante, pour laisser libre cours à sa créativité.

 

Moncton Toronto 1,535 km km 1,535 Moncton 450 km 2,262 km St-Claude km 2,079 Winnipeg 1,614 km Meteghan 3,476 km Edmonton

Photoreportage

Paradis, possiblement


Un passage dans le local de répétition des Jeunes d’Asteure, une balade sur le bord de l’eau et un arrêt dans un resto, au cimetière du village ainsi qu’au chalet de la famille des frères Belliveau, voilà comment l’équipe de Balade à Toronto plonge dans l’univers du groupe acadien à Memramcook, au Nouveau-Brunswick.

Les sons d’antan des Jeunes d’Asteure

Pascal Raiche-Nogue

Voilà un parfait exemple d’anachronisme musical. Les Jeunes d’Asteure sont nés dans la mauvaise décennie. C’est pas plus compliqué que ça. 

Ces cinq Acadiens du Nouveau-Brunswick dans la vingtaine semblent tout droit sortis des années 1970. Leur son est résolument rock et progressiste, leur univers est rétro et pas à peu près. 

Ce n’est pas pour la beauté ou la puissance des cordes vocales de leur chanteur (qui a une voix nasillarde) ou pour la qualité de leurs enregistrements qu’il faut s’attarder à eux, mais bien parce que leur approche artistique est tout à fait singulière. 

Commençons par dire qu’ils font dans le rock conceptuel. S’il en est ainsi, c’est en bonne partie grâce au leader du groupe, Rémi Belliveau, un artiste multidisciplinaire très impliqué dans le milieu culturel acadien de Moncton qui ne laisse à peu près rien au hasard. 

Depuis de nombreuses années, il aime jouer avec les concepts et avec la tête des amateurs d’art en créant des œuvres visuelles étonnantes. On lui doit notamment la conception graphique de pochettes d’artistes tels que Cédric Vieno, Joey Robin Haché et Les Hôtesses d’Hilaire. Son groupe musical n’est que l’une des avenues qu’il emprunte pour repousser ses limites et tenter de nouvelles choses en compagnie de musiciens tout à fait compétents. 

Le premier album complet de la formation, lancé en 2016 et intitulé Paradis, possiblement, est un bon exemple de l’éclectisme de l’univers musical dans lequel le groupe évolue. L’œuvre ne ressemble à rien qui n’ait pu être fait en Acadie au cours des dernières années. 

Les longues pièces (les cinq chansons totalisent 40 minutes, ce qui est tout à fait hors norme) sont très résolument influencées par le rock progressif d’autrefois. On n’est pas très loin de Gentle Giant et de Yes. 

Les mélodies changent très souvent, tout comme les rythmes. C’est le genre d’album que l’on doit absolument écouter d’un bout à l’autre, sans distraction. Parce qu’en isolant les chansons, on perd rapidement le fil.

Quant aux paroles, elles partent dans toutes les directions. Rémi Belliveau le dit lui-même en entrevue; il n’y a pas nécessairement de suite logique à ses paroles. Chaque couplet n’est pas nécessairement lié à celui qui le précède. Cet artiste, qui œuvre aussi dans le graphisme et la sérigraphie, dépose ses mots sur la musique comme un peintre étend sa gouache sur une toile. Il brosse de petits portraits. Il est en quelque sorte un poète qui chante des vers pendant que le reste du groupe l’accompagne.

Il y a du travail dans cet album. Les compositions sont riches. L’enregistrement réalisé chez Pierre-Guy Blanchard (un autre créateur acadien dont la musique est tout aussi hors norme que celle des Jeunes d’Asteure) est riche et compte de très nombreuses couches. Il y a des cordes, des cœurs, des changements à tout bout de champ. C’est dense. Franchement, ça pourrait très bien être un opéra rock tellement les trames musicale et textuelle suivent un chemin sinueux.

Les Jeunes d’Asteure aiment aussi créer des happenings. En 2016, lorsqu’ils ont lancé Paradis, possiblement, ils ont mis le paquet en invitant à Moncton une foule de collaborateurs sur scène. Puis, en 2017, à l’occasion de la sortie du vinyle, ils ont monté un magasin et un bar éphémères au Centre culturel Aberdeen de Moncton. 

On peut critiquer la voix de Rémi Belliveau, on peut aimer le style de son groupe ou pas, mais on ne peut certainement pas reprocher à ces artistes d’emprunter les mêmes vieilles routes que leurs contemporains. Dans vingt ans, la génération qui suivra les pas de Rémi Belliveau et compagnie découvrira leur album et se demandera comment Les Jeunes d’Asteure ont pu produire cette œuvre à leur époque, et découvrira avec ébahissement l’univers anachronique tout à fait unique qui est le leur.

Pascal Raiche-Nogue www.acadienouvelle.com/

Chef de bureau aux affaires publiques de l’Acadie Nouvelle.

Entrevue

Fil conducteur


On s’assoit avec Rémi Frenette et Rémi Belliveau des Jeunes d’Asteure, qui nous parlent du processus d’écriture des paroles du groupe qui est tout, sauf traditionnel.

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