Le groupe Mastik a vu le jour en 2008 et a pris son envol sur la scène musicale après sa participation au concours Ontario Pop de l’Association des professionnels de la chanson et de la musique (APCM), où il a remporté le prix RNGC en 2010.
Les membres fondateurs du groupe, Chris Coshall et Simon Poirier Lachance, ont joué leurs premières notes ensemble au sein du groupe de l’école secondaire de Plantagenet. Ce n’est toutefois qu’après leur rencontre avec Martin Charbonneau et quelques changements à la formation, que le trio s’est établi depuis environ deux ans comme on le connaît aujourd’hui.
Le groupe franco-ontarien, qui présente une musique qu’il qualifie de rock « antiprémâché », s’est produit sur de nombreuses scènes depuis le lancement de son premier mini-album (EP) Mille Morceaux, en 2012.
On crée des barrières entre les cultures, alors qu’il faudrait plus les rassembler et en faire un tout. S’il y a bien un langage universel, c’est la musique. Peu importe dans quelle langue tu la fais, si tu es capable d’aller chercher les gens, c’est ça l’idée de la musique. – Simon Poirier Lachance, Mastik
Le nom Mastik, version simplifiée de Mastikédigère, est inspiré de la revue de poésie Le Mâche-Laurier. Le groupe y voit un incitatif à mieux assimiler l’information et à être plus critique face à l’actualité, une invitation reprise dans les paroles dénonciatrices et engagées de ses chansons.
2015 est une année charnière pour le groupe, qui a lancé son premier album De sol et d’éther sous forme de CD, de vinyle et de carte de téléchargement biodégradable, clin d’œil à son engagement écologique. Il a aussi participé au JunoFest à Hamilton, a reçu un prix Coup de foudre au concours Contact ontarois, en plus d’être en nomination comme meilleur groupe au Gala des prix Trille Or 2015.
Mastik à Ottawa
Les bums du quartier
C’est dans le quartier historiquement francophone de Vanier, à Ottawa, qu’on commence la journée à la façon des membres de Mastik, en cassant la croûte au petit resto Chez Bobby’s. Après quelques exercices d’équilibre dans un des nombreux espaces verts de la ville, le trio nous invite à descendre au sous-sol, où ses idées et ses paroles sont traditionnellement mises en musique.
Rock écoresponsable
Jean-Étienne Sheehy
En chanson francophone, le défi n’est pas d’avoir quelque chose à dire, mais plutôt d’arriver à le mettre en musique. Encore plus vrai lorsqu’on parle de critique sociale. Dans la francophonie canadienne, peu d’artistes arrivent à se tourner vers le monde pour le questionner et remettre en question les normes préétablies. Pourtant, le rock a une portée et une valeur sociales. Dans ce contexte où les artistes se font discrets, l’audace du groupe Mastik fait du bruit, comme un mégaphone dans une bibliothèque.
Le trio ottavien fait toutefois bien plus que de parler sur son premier disque, De sol et d’éther. Les cartes de téléchargement offertes par le groupe sont biodégradables. Mastik récolte ce qu’il sème, car une fois le fichier numérique récupéré, il est possible de planter la carte dans le sol, afin de faire pousser du persil ou des tomates. Les actions ne s’arrêtent pas là; les membres du groupe se chargent personnellement de planter un arbre pour chaque album vendu.
Les origines de la formation expliquent sans doute en partie cela. Certains des membres viennent de l’Est ontarien, où la nature décide du sort des récoltes des fermes de la région. En étant établi dans la capitale nationale, Mastik se trouve en plein cœur du lieu où se prennent les mêmes décisions que dénonce le groupe. Pourtant, selon le groupe, l’influence d’Ottawa dans sa démarche se situe plutôt au niveau de sa quiétude et de ses espaces verts. Ces affirmations détonnent avec l’agitation des textes du groupe, mais elles servent de testament à Mastikédigère, la première version du nom du groupe.
Les ambitions de Mastik vont toutefois au-delà de sa conscience sociale. Musicalement, le trio plane avec son instinct rock alternatif, tout en déconstruisant les structures musicales, avec de nombreux clins d’œil aux musiques progressives et électroniques. On navigue entre Karkwa, époque Les tremblements s’immobilisent, avec son urgence et ses espaces glauques.
Les qualités musicales du trio, formé de Chris Coshall, Simon Poirier Lachance et Martin Charbonneau, vont au-delà de ce lien de parenté. Mastik groove, tout en maîtrisant ses nuances mélodiques. La réconciliation entre la technique des bidouilleurs et le laisser-aller des rockeurs est mise de l’avant tout au long de De sol et d’éther. La profondeur sonore derrière les mélodies permet au groupe de prendre des risques bien calculés.
Mastik livre donc une imposante ligne de basse saturée sur « Pirates » en défonçant tous les haut-parleurs sur son chemin. Sur « À jamais provisoire », le trio sait se mettre en recul au profit de textures électroniques avant de rebondir en construisant une imposante architecture sonore. « Viande à chien » démontre le potentiel rassembleur du groupe ainsi que son désir de monter l’intensité d’un cran pour atteindre de nouveaux sommets musicaux. En tête d’affiche au disque, « Ocytocine » capture la genèse de la démarche de Mastik, dans son caractère organique, mais aussi dans la colère qui anime le groupe.
Le chemin parcouru par le trio impressionne depuis la sortie de son premier maxi en 2012. De sol et d’éther marque surtout le début du travail pour la formation. Les rôles sont aujourd’hui bien définis : à la basse, Martin impose une technique, appuyée par le dynamisme de Simon à la batterie et les vastes espaces de Chris aux guitares. En immortalisant sa musique sur disque, Mastik donne une nouvelle dimension intemporelle à son univers. Voilà bien plus qu’une carte de visite, mais un repère pour constater l’évolution des normes sociales, particulièrement au niveau de la conscience environnementale. Pour Mastik, ce premier disque ouvrira de nouvelles portes musicales qui lui permettront de rivaliser avec la planète rock indé, autant en français qu’en anglais.
Photos en Coulisses
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Suivez l’aventure du trio Mastik aux quatre coins de la ville, grâce à une série de photos prises sur le vif.
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