Pierre Guitard


Madran, N.-B.

Les gens aimeraient que je fasse de la belle musique […] pour passer à la radio avec des thèmes de soleil puis d’oiseaux, mais moi j’aime mieux parler de la mort puis du sexe, de la drogue et des réalités du monde qui frappent plus fort dans la gueule.

En 2016, Pierre Guitard a remporté trois prix lors de la FrancoFête en Acadie, ce qui lui a ouvert les portes pour présenter des vitrines en Suisse, en Belgique et en France en 2017.

Outre ces vitrines en Europe, l’Acadien autodidacte aujourd’hui établi à Moncton poursuit ses projets d’accompagnement d’autres artistes et compte bientôt ajouter à son arc la composition de musique de film ou publicitaire, en plus de commencer à travailler sur un prochain album.

Madran Toronto 1368 km km 1,535 Moncton 450 km 2,262 km St-Claude km 2,079 Winnipeg 1,614 km Meteghan 3,476 km Edmonton

Photoreportage

Ce qui ne tue pas…


Le Néo-Brunswickois nous invite chez lui, dans le petit village de Madran. Après un arrêt à l’école qu’il a fréquentée quelques années, une époque qui a forgé son caractère, Pierre nous emmène sous un viaduc où il venait parfois écrire et on s’invite dans la maison d’un ami où il a donné son premier spectacle, avant de clore notre visite dans le village de Petit-Rocher.

Le jeune vieux qui prenait son temps

Pascal Raiche-Nogue

Il a pris son temps avant d’accoucher de son premier album, ce sacré Pierre Guitard. Avec un peu de recul, on se dit que ce n’était pas pour rien.

 

Ce petit bout d’Acadien a d’abord fait parler de lui en remportant des prix à gauche et à droite dans son Nouveau-Brunswick natal, et ce, dès 2012. Son talent sautait déjà aux yeux et sa voix légèrement aiguë, à la fois posée et hyper juste, ne passait pas inaperçue.  

 

Ses thèmes de prédilection non plus, d’ailleurs. À peine sorti de l’école secondaire, il abordait déjà des sujets lourds tels que la toxicomanie avec une franchise désarmante. Il parlait sans détour du « diable blanc » qui lui avait causé des ennuis par le passé. 

 

Ses premières compositions avaient des airs de City and Colour, un artiste canadien qu’il devait écouter assez régulièrement. Il n’avait pas tout à fait encore trouvé sa propre identité. 

 

Lorsqu’on lui demandait en entrevue quand il prévoyait lancer un album, il répondait vouloir prendre son temps, qu’il ne fallait pas trop s’attendre à une sortie rapide. Il a tenu parole. Ce n’est qu’en 2016 qu’il a enfin sorti un premier opus. Et encore, La tige et la racine ne compte que sept pièces. 

 

Cette poignée de chansons est d’une maturité hallucinante. Le mot n’est pas trop fort. En l’écoutant chanter, on se demande comment un si jeune auteur-compositeur-interprète peut sonner ainsi, comment il peut être si posé. 

 

On dit souvent des gens que l’on trouve ennuyeux qu’ils ont une vieille âme. Mais dans le cas de ce créateur, c’est une observation qui colle à la réalité. Ce n’est pas une façon détournée et un peu maladroite de dire qu’il nous laisse profondément indifférents. 

 

Pierre Guitard a su s’entourer pour produire ce premier album. Au lieu d’opter pour les réalisateurs acadiens qui étouffent les artistes avec de lourds arrangements et qui n’ont pas compris qu’une trompette est comme une cloche à vache (il faut s’en servir avec parcimonie), il a opté pour Pascal Lejeune (alias Thomé Young). 

 

Musicalement, cet auteur-compositeur-interprète a appris à voler de ses propres ailes et ne sonne plus comme une pâle copie de City and Colour. Il a trouvé son propre style d’écriture et ça lui va comme un gant. 

 

Ne vous fiez pas à la pièce titre de l’album, qui est beaucoup plus rock que les autres. Elle a beaucoup tourné et a été mise en scène dans un vidéoclip, mais elle n’est pas à l’image du reste du disque.

 

La plupart des autres pièces sont plus feutrées, plus tranquilles. Elles mettent en lumière la sensibilité évidente de cet artiste, qui aime nager dans des eaux troubles et qui n’hésite pas à aborder la tristesse et les idées noires. 

 

« Ti-Pierre », comme on l’appelait en début de carrière, est sur sa lancée. Son premier album est (enfin) sorti et il se produit de plus en plus souvent sur scène. Son horaire commence enfin à être à la hauteur de son talent. 

 

Montréal a récemment eu un avant-goût de sa musique lorsqu’il a participé au grand spectacle extérieur Acadie Rock, présenté dans le cadre des Francofolies. L’expérience l’a marqué et pour cause. 

 

Lorsqu’il s’est pointé au micro sur la Place des Festivals, où plusieurs milliers de personnes étaient rassemblées, il a rappelé que son dernier spectacle avait eu lieu quelques jours auparavant, dans un simple café, devant dix personnes.  

 

Il a pu profiter d’une autre occasion en or de se faire connaître de nouveaux publics quelques semaines plus tard, en France, en assurant la première partie d’un concert de Johnny Hallyday et d’autres grosses pointures. 

 

On espère qu’il prendra un peu moins son temps avant de nous offrir son premier album complet. D’ici là, Pierre Guitard devrait trouver sa niche quelque part entre les cafés à moitié vides et les gros festivals. 

 

Pascal Raiche-Nogue www.acadienouvelle.com

Chef de bureau aux affaires publiques de l’Acadie Nouvelle.

Entrevue

Évolution et reconnaissance


L’Acadien nous glisse un mot sur l’évolution parfois fulgurante d’une carrière musicale et il aborde le manque de reconnaissance des gens envers les musiciens et les réalisateurs d’albums.

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