Féministe fière et affirmée, la Franco-Manitobaine Rayannah allie travail musical et implication humanitaire en se taillant une place sur la scène musicale canadienne, autant francophone qu’anglophone.
Ayant grandi dans une famille où la musique était très présente, la jeune auteure-compositrice-interprète a fait des études universitaires en musique, dans un environnement anglophone. Commençant à s’exprimer plus difficilement dans sa langue maternelle, elle a pris les choses en main et s’est investie dans l’écriture dans la langue de Molière, participant entre autres au Festival en chanson de Petite-Vallée et à une résidence d’écriture de 10 jours en Gaspésie. Elle a aussi effectué une tournée au Québec en plus de collaborer avec plusieurs artistes francophones. Elle donne maintenant ses prestations électro-folk dans les deux langues, en alternance ou en combinaison, puisant son inspiration dans des thématiques et des causes qui lui tiennent à cœur.
Toutes les idées autour de l’anti-oppression, que ce soit autour de la race, du genre, de la pauvreté, de la sexualité, sont très importantes pour moi. C’est grâce à la patience de certaines personnes que j’ai pu apprendre par rapport à tout ça, alors ce sont des thèmes qui font partie de ma musique. – Rayannah
Parallèlement à sa carrière solo, elle collabore avec Shannon Kristjanson et Jocelyn Gould au sein du groupe winnipégois Collage-à-trois, quoique ses projets personnels prennent de plus en plus d’ampleur. Rayannah a lancé au printemps 2015 un premier mini-album (EP), Boxcar Lullabies, qui comprend quatre chansons en anglais et une en français. Elle travaille aussi présentement sur un projet tout en français, en plus de mettre sa musique au profit d’une campagne de financement pour les femmes autochtones disparues.
Rayannah à Winnipeg
Bien chez soi
Rayannah nous invite chez elle, dans le quartier West Broadway de Winnipeg, là où elle et son colocataire se donnent régulièrement en spectacle. De 20 à 50 personnes passent en effet au salon dans le cadre d’une série de spectacles où elle en profite souvent pour roder sa musique. On visite également un bar où elle aime écouter de la musique locale et manger la meilleure pizza au milieu de la nuit.
Une fille, sa voix et ses pédales
Émilie Côté
Lors de notre entretien téléphonique, Rayannah venait d’atterrir à Toronto, en vue de se produire à la 33e Franco-Fête. L’un des quelques spectacles qu’elle donne en cet été 2015. « Je profite surtout de l’été pour écrire. Disons que la dernière année a été mouvementée », indique-t-elle.
En mars 2015, Rayannah a lancé un premier EP intitulé Boxcar Lullabies, qui a notamment attiré l’attention du magazine Exclaim! et de la CBC. Avec raison puisque son EP s’avère très abouti et mature pour un premier essai musical.
Née d’un père musicien, Rayannah a été bercée par la musique dès son jeune âge. Elle a multiplié les cours, les programmes et les camps d’été de musique. « J’ai finalement abouti à l’Université du Manitoba au bac en jazz, raconte-t-elle. J’ai obtenu mon diplôme en 2011. »
« J’ai aussi appris beaucoup depuis », poursuit-elle.
Rayannah a peaufiné ce qu’est devenu son électro-folk en découvrant les possibilités infinies des pédales loop, qui lui permettent d’enregistrer des séquences et de les jouer les unes sur les autres.
Elle combine l’acoustique à l’électronique, tantôt de façon dense, tantôt avec facture dépouillée. Ici et là, elle ajoute de la percussion, du beat boxing et des synthétiseurs à sa voix.
« Je me sentais un peu solitaire dans ma démarche, donc quand j’ai envisagé d’enregistrer le disque, j’ai eu envie de trouver un partenaire, raconte-t-elle. J’ai cherché un réalisateur, et je suis tombée sur Carlin Lemon. Un échange d’idées vraiment intéressant, parfois par Internet. Il y a même des parties de l’album enregistrées sur mon téléphone. »
Cette collaboration a permis aux chansons d’arpenter de nouveaux horizons. « Mes chansons ont fini par être pas mal pop, mais la base jazz demeure très présente dans ce que je fais, notamment dans le rythme et les harmonies », précise Rayannah.
Son école de pensée, celle de Bon Iver et Sufjan Stevens. Chez les artistes francophones, celle de Marie-Pierre Arthur ou encore Louis-Jean Cormier.
Citons aussi le nom de la chanteuse jazz Esperanza Spalding. « J’ai eu la chance de faire sa première partie il y a un mois en clôture du Festival international de jazz de Winnipeg, raconte-t-elle. Une grande réussite et un grand privilège pour moi. »
Prochain défi? Un album entièrement en français, pour lequel Rayannah tient à travailler avec un réalisateur qui parle la langue de Molière. « Au-delà du traitement sonore, je cherche quelqu’un qui comprend les paroles et qui peut saisir l’âme d’une chanson. C’est important dans la réalisation. »
« Mais j’ai le temps, ajoute-t-elle. Je suis en période d’écriture. »
Rayannah compte néanmoins déjà sur un répertoire en français, dont une chanson parue sur Boxcar Lullabies intitulée « Tempête ».
Pour la petite histoire, Rayannah a fait plusieurs de ses premiers pas comme auteure-compositrice-interprète en France. « Je venais tout juste d’acheter ma pédale loop. J’étais là pour voyager et je ne savais pas que j’allais finir par faire des spectacles à Lille et à Paris. J’avais un ami là-bas qui produisait des spectacles. Il n’y a rien de mieux que d’être plongée dans le feu de l’action! »
Soulignons que Rayannah collabore également au projet Collage-à-trois, en compagnie de Shannon Kristjanson et Jocelyn Gould. « Nous nous alimentons créativement. C’est un projet qui reste basé à Winnipeg. Nous avons chacun nos projets indépendants, mais travailler avec d’autres m’aide à progresser dans ma carrière solo. »
À vous de découvrir Rayannah. Le magnifique clip de Boxcar Lullabies constitue une excellente porte d’entrée dans son univers et sa voix magnétique.
Photos en Coulisses
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